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Le Collectif a également saisi l’ARPP, instance de régulation de la publicité, le PDG de la Sncf et alerté les ministres de l’Education nationale et de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
Lettre ouverte à Monsieur Guillaume De Monplanet, Directeur général de Adidas France
Monsieur le Directeur général,
L’école se bat au quotidien contre l’incivisme, contre les égoïsmes. Et tout le monde reconnait que cette mission est la sienne et qu’elle est bienvenue.
La société française et européenne doit faire face à de multiples crises : crise du lien social, crise du chômage et des nouvelles formes de travail à inventer, crise climatique, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient les guerres, crise du modèle républicain et tentation des radicalités, montée des discours discriminatoires, des violences terroristes.
Face à cette situation chargée de risques, l’école et tous les lieux éducatifs ont la nécessité de se mobiliser. L’école demande aux enseignants de restaurer les valeurs de la civilité, de la solidarité, de l’égalité, du respect des différences, de l’amour de la démocratie, en inscrivant à cette rentrée, dans les programmes un enseignement moral et civique. Peut-elle se battre seule, quand d’autres acteurs sociaux éminents appellent publiquement au « désordre », à la réussite cynique et à l’imposition de règles individuelles ?
Une entreprise d’équipements de sport comme Adidas peut-elle impunément placarder sur les murs de la plus grande gare d’Europe les slogans vus ces derniers jours : « sème le désordre », « gagne tout », « impose tes règles » ?
L’influence des marques de sport sur les jeunes est aujourd’hui très grande. Les chaussures de sport font partie des objets les plus photographiés, et les plus échangés par les jeunes. Les jeunes font partie des clients les plus attentifs aux marques de sport. A quelle responsabilité sociétale Adidas se sent-elle engagée ? Comment évalue-t-elle sa responsabilité vis-à-vis de l’éthique du sport qui commande le fair play, le respect de l’autre, fut-il un adversaire, fut-il plus faible, et le respect de la règle commune ?
Nous sommes atterrés qu’une grande entreprise puisse sans honte jouer la carte du mépris, flatter les pulsions individualistes les plus primaires et vanter la loi de la jungle, alors qu’elle devrait porter les valeurs du sport, du collectif, que nous avons à transmettre à la jeunesse.
Enjeux e-medias est un collectif d’associations regroupant des associations d’éducation populaire, engagées dans des actions pour une éducation aux médias et à l’information, critique et citoyenne, pour une qualité et une déontologie de l’information. Enjeux e-médias est également interlocuteurs du Forum RSE Médias créé en avril 2011, qui rassemble des entreprises de médias français engagées dans une démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Nous vous demandons de retirer ces affiches publicitaires et tout dispositif qui comporterait des slogans contraires à l’éthique du sport.
Nous ferons part de notre vive désapprobation à la Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, au Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et aux instances de régulation de la publicité (cf. note ci-après).
Nous vous prions, Monsieur le Directeur général, de recevoir l’expression de nos sentiments distingués.
Sophie Jehel, maitresse de conférence à l’Université Paris 8- Vincennes Saint-Denis, conseillère scientifique du Collectif Enjeux e-médias
Christian Gautellier, Président du Collectif Enjeux e-Médias
Contact collectif Enjeux e-médias : Christian Gautellier – 06 89 86 11 18 christian.gautellier wanadoo.fr
http://www.enjeuxemedias.org/
Note - Nous avons saisi l’agence de régulation de la publicité, l’ARPP et son jury de déontologie publicitaire. En effet cette campagne d’affichage relevée à la gare du Nord la semaine du 31 aout 2015 est contraire à la recommandation Enfant qui stipule : « 1-La publicité ne doit pas présenter favorablement des actes antisociaux ou délictueux, ni inciter les enfants à commettre de tels actes. 2- Elle ne doit pas légitimer des comportements qui seraient contraires aux principes de citoyenneté, aux règles du savoir-vivre, d’hygiène de vie, de protection de l’environnement ou de respect des autres. 3- La publicité ne doit pas dévaloriser l’autorité, la responsabilité ou le jugement des parents et des éducateurs. »
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