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>>Les enfants et les écrans : le droit à un débat pluraliste

19 mars 2013

Ce communiqué est publié en réaction au traitement journalistique du rapport de l’Académie des Sciences, lundi 18 mars au cours du JT de France 2... Il a été adressé au médiateur de l’information sur France 2.

L’Académie des Sciences a publié en janvier 2013 un avis sur les enfants et les écrans qui a suscité de nombreuses réactions critiques... : notamment une tribune dans Le Monde, signé par plus de 60 chercheurs d’horizons différents, une tribune sur le site du Nouvel observateur de la part de l’association Enjeux e-médias qui recoupe 4 grandes associations impliquée dans l’éducation (Ligue de l’enseignement, CEMEA, FCPE, Francas), l’UNAF a également fait paraître un communiqué critique.

France 2 s’est décidé le 8 mars à consacrer un « dossier » à ce sujet qui a été diffusé le 18 mars. Après avoir pris contact avec l’association Enjeux e-médias, le président, Christian Gautellier et l’une des chercheures signataire des deux tribunes, Sophie Jehel, et interviewé le chercheur en psychologie sociale Laurent Bègue, signataire de la première tribune, la chaîne a diffusé un reportage entièrement favorable à l’avis controversé et contradictoire de l’Académie des sciences.
Pour le lancement du sujet, le présentateur David Pujadas évoque un débat, se demande si l’adoption très précoce des écrans peut conduire « à des addictions », et résume au final la position de l’Académie « ne diabolisez pas les écrans mais accompagnez les ». Sur l’écran s’affiche alors le titre du dossier : « les écrans bons pour les enfants ». Les experts interviewés, deux représentants signataires de l’Avis, viennent rassurer les parents sur le caractère favorable des écrans pour les apprentissages des petits enfants, et en particulier de la tablette tactile, « uniquement parce qu’elle est un support d’échange ». Le commentaire journalistique en déduit, « cela va déculpabiliser les parents ». Le débat sur les écrans et les jeunes enfants ne peut se résumer à une question de culpabilité, comme s’il s’agissait d’un tabou à franchir, et les réflexions critiques sur les usages précoces des écrans ne peuvent se résumer à une « diabolisation » comme si dans une société traversée par les réseaux numériques, toute distance critique était de l’ordre d’un retour au Moyen Age et à ses « diabolisations ».

Une vision unilatérale

L’association Enjeux e-médias a été contactée par une journaliste de France 2 pour participer à ce reportage. Au final, l’entretien ne s’est pas fait, pour des questions d’urgence journalistique, et c’est un autre chercheur qui a été interviewé, mais qui n’apparaît pas dans le reportage. Enjeux e-Médias se préoccupe non seulement des relations entre les enfants et les écrans mais aussi de la qualité de l’information, étant partenaire de l’observatoire de l’information, et de l’APCP, des Assises internationales du journalisme…, elle ne revendique évidemment aucun droit à être interrogée sur quelque sujet que ce soit. Force est de constater néanmoins que ce reportage de France 2 donne une vision unilatérale de la relation des enfants et des écrans, comme une relation « bonne » pour le développement des enfants alors que de nombreuses recherches incitent à la prudence. La clôture du reportage sur l’information selon laquelle les industries médiatiques sont d’ores et déjà en train de construire des écrans « adaptés » aux tout-petits, range ce reportage dans un contexte de communication incitant à l’équipement précoce des tout-petits, alors que le devoir d’une chaîne de service public est de défendre l’intérêt des citoyens avant celui des industries et d’offrir sur chaque sujet de société un point de vue équilibré rendant compte des différentes positions existant dans la société, dès lors qu’elles sont significatives.

Les citoyens ont le droit de connaître les raisons pour lesquelles des chercheurs et des associations qui travaillent depuis plus de vingt ans sur le sujet ont des doutes quant à l’innocuité des écrans pour les plus jeunes. C’est aussi une question de pluralisme.

Divina Frau-Meigs, Université Sorbonne nouvelle, Sophie Jehel, Université Paris 8-CEMTI, Christine Menzaghi, La Ligue de l’enseignement, et Christian Gautellier (CEMÉA) pour l’association Enjeux e-médias (éducation, médias, information, citoyenneté).


Contact  : Christian Gautellier

0689861118
christian.gautellier wanadoo.fr



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