>>Réflexions et propositions sur l’éducation aux médias dans le contexte "Et après..."

31 janvier 2015

Un projet d’éducation global

L’enjeu croisant « éducation et médias » est multiple, la mobilisation de tous les acteurs est centrale… Il est essentiel de construire des réponses qui prennent en compte tous les « espaces » qui participent de l’éducation des enfants, des jeunes et de leur construction comme citoyens du monde. Tout comme, il semble nécessaire aux membres du Collectif Enjeux e-médias (Ceméa, Fcpe, Francas et Ligue de l’enseignement) d’inscrire ce sursaut dans des démarches de co-éducation et de continuité éducative entre les « espaces » que sont l’école, les lieux et temps d’éducation non formelle (les centres de loisirs, les centres sociaux, les structures de jeunesse, les médiathèques, la famille, les échanges entre pairs, etc.), les médias et leurs plates formes numériques. De nombreuses initiatives existent, de multiples ressources sont disponibles…

Mais des obstacles sont à lever et des décisions s’imposent à court terme. Il convient de :

  • Construire un espace de mutualisation de ressources, accessible gratuitement, évitant le « chacun dans sa case ». (Proposition : un portail public de ressources), ce qui pose le problème ou l’urgence d’un pilotage multi-acteurs, bien repéré.

  • Reposer la question de l’existence de médias de décryptage de l’information, spécifiques aux enfants (un JT pour enfants porté par le service public, une plate forme d’info en ligne, en articulation avec les journaux « papier » existants..., proposition « historique » des associations d’éducation populaire).

  • Passer d’actions qui ne concernent qu’une minorité de jeunes, à une « massification », une systématisation de parcours d’éducation aux médias et à l’information, pour tous les enfants et les jeunes, aussi bien pendant les années de l’école, que lors de celles du collège et du lycée, sur les temps éducatifs scolaires ou non scolaires.

La formation des acteurs

Les compétences, donc la formation de tous les acteurs en lien avec les publics jeunes notamment doit être posée fortement : les éducateurs, les animateurs, les parents, mais aussi les professionnels des médias, etc. Des formations conjointes doivent être envisagées pour optimiser la cohérence éducative.

  • Tous les dispositifs de formation (au sein des ESPE, de l’éducation populaire, du MEN en appui sur le Clémi, dans les écoles professionnelles de journalisme…) doivent être revisités pour renforcer cette nécessaire notion de formation critique et cette éducation aux médias et à l’information, avec ses volets éducation à la citoyenneté et à la démocratie.

  • Les orientations issues de la loi sur la Refondation de l’école et le plan numérique annoncé doivent intégrer cette priorité des priorités qui « saute » aux yeux de tous, apprendre à décoder le monde et apprendre la pensée critique, par rapport à la presse, au cinéma, aux communications échangées sur les plates formes numériques, aux réseaux sociaux…. Ces compétences construisent le socle de notre République.

  • Les pédagogies de l’éducation aux médias et à l’information sont des pédagogies de production, mêlant méthodes actives, démarche de projets, temps longs de pratiques, travail en équipe multi-acteurs. Pour l’école, elles interrogent le modèle dominant et unique de l’organisation des apprentissages (une heure, une classe, un enseignant). La mise en œuvre systématique de parcours pour faire vivre dans des pratiques réelles, cette éducation à la démocratie, à la citoyenneté, à l’expression, demande de proposer des temps spécifiques (cf. exemple d’un établissement innovant qui réduit de 5’mn les séquences d’apprentissage disciplinaire pour les mutualiser et permettre des activités sur des temps plus longs…). A moyen terme, il faut dégager du temps pour ces formes d’apprentissage par projet (cf. la réforme des programmes scolaires), sinon dans le socle, certains objectifs resteront lettre morte. A court terme, il convient de repenser une semaine des médias et de l’information, ouverte à tous les lieux éducatifs, scolaires et périscolaires, associant également les parents….

La responsabilité sociétale

Au-delà de l’éducation, les assassinats à Charlie Hebdo posent également la question de la responsabilité des médias et de leur influence sociétale. On ne peut passer sous silence la défiance importante des citoyens et donc des jeunes vis-à-vis des différents médias, télé, radio, presse, web…

Pour retrouver une confiance nécessaire à toute démocratie, des initiatives citoyennes existent. Le collectif Enjeux e-médias y participe, les co-anime… Elles sont portées notamment par les associations Journalisme et Citoyenneté, l’Observatoire de la Déontologie (ODI), l’Association pour la préfiguration d’un Conseil de presse (APCP). La participation de la société civile à une co-régulation des médias est à mettre en lien avec les enjeux de culture, de démocratie, pointés dans cette période post attentat.

  • A moyen terme, tous les acteurs notamment les pouvoirs publics et les médias doivent les porter plus fermement avec les associations citoyennes.

  • La mise en place d’un Conseil de presse comme levier pour garantir la qualité de l’information dont toute société a besoin est à concrétiser (la France étant un des derniers pays démocratiques à ne pas disposer d’une telle instance).

    Le collectif Enjeux e-médias est prêt à participer et à s’engager dans toute initiative défendant ces valeurs.

    Contact : Christian Gautellier, Président du Collectif Enjeux e-médias

    christian.gautellier wanadoo.fr

Article tiré du site : http://www.enjeuxemedias.org
Rubrique:  Actualités